Jeudi 25 janvier 1979.

Brigid est descendue a 60 kilos, mais je l'ai surprise en train de manger dans le bureau de Bob, tout ce qui est mauvais pour elle — des pommes de terre frites, des coquilles Saint-Jacques frites, de la mayonnaise. Toute la journée elle s'est préparée pour le vernissage de « Ombres ». Elle est rentrée chez elle et mis tous ses bijoux. Les gens n'ont pas arrêté de rentrer et de sortir toute la journée. Ils m'ont envoyé une limo qui est arrivée a 5 heures. Je me suis ravalé la façade et j'ai emmené quelques gamins avec moi. Il neigeait un peu.
Il n'y avait pas beaucoup de gens au début. C'était surtout une grande réunion d'affaires. Barbara Colacello avait obtenu du champagne gratuit, l'Evian, etc., en leur disant que tous les gens de la bonne société seraient la.
En fait sur les quatre cents personnes que Bob avait invitées, six seulement sont venues. Six sur quatre cents : Truman Capote, les Eberstadt, Ferydoun Hoveyda qui venait de démissionner de son poste d'ambassadeur, et les Gilman. Donc 394 de nos meilleurs amis n'étaient pas venus.
Pas de Halston, il était à Moustique.
Pas de Steve, il y était aussi.
Pas de Catherine.
C'etait plutôt un vernissage punk, avec tous les habituels gamins qui vont à ce genre de truc. René Ricard était là. Mrs de Menil aussi, elle était adorable, comme Francois. Adie et Christopher de Menil ne sont pas venus. David Bourdon et Gregory Battock étaient là, c'était sympa de les voir, mais on n'a pas pu parler. Beaucoup de gamins avaient leur appareil photo. Ils cherchaient en vain des célébrités à photographier. Victor était la seule personne bien habillée — parapluie et perles noires.
Les toilettes étaient encombrées. J'imagine que les gens se faisaient des lignes. Nous avons formé un groupe pour aller dîner — Jed, John Reinhold, John Fairchild Jr, sa fiancée, Belle McIntyre, William Pitt et Henry Post. Bob était furieux parce que j'avais invité Henry Post. Il fait du journalisme d'investigation. Il a raison sans doute, je vais peut-être m'attirer des ennuis.
Nous sommes allés en limousine jusqu'au 65, Irving Place, au « 65 Irving ».
En route, près de Washington Square, nous avons vu un chien qui avait été ecrasé par une voiture, une femme qui criait, nous lui avons proposé la limo pour conduire le chien a l'hôpital, elle a dit que son mari était parti chercher la voiture, ça a foutu en l'air toute la soirée. Je me sentais tout drôle.
Philippa avait invité René Ricard — sa fondation venait de l'engager comme poète — et il est arrivé. Il a dit que mon travail était simplement « décoratif », ça m'a rendu furieux. Je suis vraiment gêné, car tout le monde a vu mon vrai moi. Je suis devenu cramoisi, je lui ai dit de se tirer, il hurlait que John Fairchild Jr était mon amant. René peut être horrible à un point incroyable. C'est comme les bagarres d'autrefois avec Ondine. Et tout le monde était stupéfait de me voir en colère, incontrôlable et lui répondant, en criant moi aussi. Et René a un agent maintenant ! Et qui c'est cet agent? Gerard Malanga ! Et René se conduit comme s'il était un écrivain merveilleux, mais n'a qu'une seule idée et la répète encore et encore qu'il est entretenu par les riches et qu'on devrait tout avoir gratis, sans arrêt ce vieux truc. Heureusement Henry Post a manqué la bagarre, il était a une autre table. J'ai un autre vernissage dimanche. C'était seulement une avant-première, l'exposition a l'air bien, uniquement parce qu'elle est immense.

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